Small Town Folk

nomf

 

jpxcrxwnbaluzw826hqk2gnxzzyl7

Pour l’histoire : une bourgade, des dégénérées, des touristes… Mélangez tout ça !…

Un ami vous amène un stock de 15 dvd, des films d’horreur obscurs aux visuels plus ou moins travaillés (sous Photoshop) et aux titres plus ou moins (magiques et) racoleurs du style HEMOGLOBIN, DRACULA 3K, LIVING IN THE DEAD, JASON is LIVING etc…  Récupérés dans un obscur bac à solde d’une non moins obscure supérette d’un sombre quartier dans une ville innommable, parmi les DVD, il y a des 4-en-1, c’est à dire des boîboîtes qui contiennent 4 films… Ce qui veut dire qu’on peut faire des nuits blanches devant des films d’horreur parmi les meilleurs, les plus gores et les plus effrayants, si on en croit les accroches au dos des DVD, avec une seule boîboîte ! A ne pas tenter si vous tenez à votre équilibre psychique.

Bien entendu, même si on recherche une petite série B ou un nanar rigolo, on tombe 99% du temps sur des purges infâmes, irregardables, celles qui vous font regretter la pièce de 1 euro que vous avez investi dans l’achat du DVD. Vu que mon ami a déboursé une somme folle, je tenais à être solidaire et à l’accompagner dans l’exploration des tréfonds du bac à solde.

Notre choix se porta sur Small Town Folk. Le visuel de l’affiche ne ressemblait à aucun film connu (la plupart du temps, les affiches et les titres sont des resucées de films déjà connus), ce qui attisa notre curiosité. Pour nous achever, on nota sur la jaquette la présence au casting de Warwick Davis, alias Willow. Pour l’anecdote, on avait croisé l’acteur (avec des étoiles au fond des yeux) au TGS Onhami à toulouse, quatre mois auparavant.

C’est avec une joie non-dissimulée, et un certain relativisme (99%) qu’on donna la galette à manger au lecteur DVD.

Les premières minutes de Small Town Folk nous laissèrent un tantinet perplexes, Autant, en chapeau melon, édentés, avec des trognes de dégénéré, les acteurs ont de la gueule. Mais les pauvres sont filmés, à priori, sur des fonds verts et sont incrustés au burin dans l’image. On se pose alors des questions. C’est peut-être totalement assumé. Même le décor (la maison) est outrageusement photoshopé. Après avoir essayé les lunettes 3d (on ne sait jamais^^) et s’être étonné que les couleurs filtroshopés passaient mieux avec, on ne se posait plus de question. Difficile de faire abstraction de la réalisation, calamiteuse, et de la direction d’acteurs, festival de tout ce qu’on trouve dans les films amateurs : acteurs surjouant très mal, cadrage aléatoire dans l’espace et le temps et montage super laborieux avec faux raccords à la pelle. Rythme anarchique (le plus souvent anesthésiant) à la clé.

Avec un scénario qui semble improvisé et un déficit d’idée passé les 20 premières minutes, le film s’écroule rapidement, ne tenant plus que sur une trame anémique basée sur des balades en forêt, la moindre des petites promesses de péripétie tombant à plat.

Reste deux trois gags : le pistolet lance-fer à cheval ou des dialogues bien croustillants de débilité (« toi, le Casque ! »), au tout début, entre les ptits jeunes. Et biensûr, il y a deux apparitions clin d’œil de Warwick Davis, en gnome Leprechaunesque, qui rehaussent d’un coup l’intérêt de la galette. Des idées et quelques gueules.

Après ce fastidieux visionnage, j’ai appris que le film avait été réalisé durant quatre longues années par des amateurs, tous les week-end. Ceci explique cela, mais n’est pas Bad Taste qui veut. Et malgré toute la sympathie, l’indulgence qu’on peut avoir pour ce type de production, Small Town Folk reste une très belle purge qui a fait regretter à mon ami l’argent investi, c’est-à-dire 0.25 euro (un 4-en-1 à 1 euro, le film vaut donc 0.25 euro…).

b2

Eraserhead

 

nomfaffiche

« Acceptez d’être piégé tel un rat dans un labyrinthe, vous serez le cobaye d’expériences sensorielles du Docteur Lynch » tel est l’avertissement que nous donne implicitement Jack Nance sur l’affiche.

Ayant vu la majorité des films de David Lynch, j’avais toujours fait l’impasse sur le tout premier film du Maître de l’Etrange. Mon inconscient sentait poindre le danger. Je m’interdisais de lever le voile opaque sur cette oeuvre réputée abscons dans une filmo déjà sacrément retorse.

Un ami m’a convaincu d’affronter mes peurs et me l’a fait découvrir (Vu que la lune était haute dans le ciel, Mili a préféré remettre le cauchemar à plus tard)…

Je remercie dans ce post mon ami tant l’expérience m’a remué yeux et cerveau par toutes sortes de stimulis contradictoires.

Jack Nance a peur de son propre bébé qui ressemble à une créature informe. Malgré des efforts, il ne veut et ne peut s’en occuper… On vit avec lui ce sentiment à la manière d’un cauchemar éveillé. Une flopée d’images perturbantes, surréalistes se succédant dans un Noir et Blanc splendide. J’ai été fasciné par l’horrible chose enfanté, qui ressemble à une petite boursouflure aussi immonde que fragile. Fasciné par un numéro de chant et de danse minimaliste par la dame du radiateur, qui écrase au passage des embryons, fasciné, et retourné, par la fabrication des bouts de gomme qu’on trouve sur les crayons à papier.

Loin d’être un film d’horreur, voire même un film de genre, Eraserhead est une plongée vertigineuse dans le cerveau de David Lynch. En ça, tous les autres films « Lynchiens » du Maître (Mullolhand Drive, Lost Highway et Blue Velvet, pour ne citer que les principaux) me paraissent trop sages et moins essentiels. L’expérience sensorielle est ici totale. Il n y a aucun frein, aucun compromis et tant pis pour les dégâts causés au cerveau.

g5