Invictus

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Hier, France 2 diffusais Invictus en hommage a Nelson Mandela. Cela tombais bien vu que cela fait un moment déja que Fred et Mili voulaient le voir… bon en fait c’est surtout Mili qui en parle souvent a Fred, faut dire que Mili elle avait beaucoup aimé de film lors de sa sortie ciné et que Fred ne l’avais jamais vu. Alors c’était comment Invictus?

invictus_0Mili:

Lorsque je présente ce film a mes amis, j’ai l’habitude de leur dire que son seul défaut c’est que les américains ne savent pas filmer le rugby. Je maintiens cet avis, même si l’impression est bien moins grande sur petit écran, disons que sur la télé c’était moins choquant qu’au ciné. Il faut dire aussi que le rugby dans ma famille c’est un peu sacré, du coup des matchs j’en ai vu des tas et le fait de ne pas comprendre l’action pendant le film m’a dérangé.

Voila, j’ai parlé de la seule chose que je n’aime pas. Tout le reste j’adore. Alors bien sur c’est plein de bons sentiments, mais quand c’est bien fait ça m’est égal. J’aime chaque petit détail qui montre l’évolution du rapport entre blanc et noir que ce soit la foule, les supporters, les enfants, les gardes du corps. On sent que tout un pays est en voie de changement. Le personnage de Nelson Mandela est bien représenté, tout en retenu. C’est un hommage à Mandela et au Rugby XD

Les acteurs sont bons, l’histoire très proche de l’histoire vrai et surtout le tout est bien réalisé. Que demander de plus.

Je ne sais pas quoi dire d’autre a part que j’ai aimé et que j’aime toujours. Parfois lorsque l’on revoit un film que l’on n’a pas vu depuis longtemps, le charme n’est pas le même, on est déçu, là ce n’est pas le cas, la magie a encore fait effet. Bref a voir absolument.

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Invictus

Fred:

Cela fait plusieurs mois que Mili me tanne pour voir Invictus… Non pas que je n’avais pas envie de le voir mais il fallait que l’occasion se présente. Pensez-en ce que vous voulez, mais c’est bien la disparition de Nelson Mandela et la diffusion à la télé de ce film hommage qui furent une occasion pour moi de découvrir Invictus. Devant cette Success Story à la fois sportive, hagiographique et historique, les souvenirs ont afflué. J’avais 11 ans, lorsque Nelson Mandela fut libéré, prisonnier d’un pays blacklisté pour racisme pur, qui à l’époque, il n’y a pas si longtemps en y repensant, parquait les noirs d’un coté et les blancs de l’autre. A peine plus vieux, lorsque Nelson Mandela, homme providence, accéda à la Présidence d’un pays coupé en deux.

Et à l’âge de mes quinze ans, je me souviens avoir vu tous les matchs de cette Coupe du Monde historique. Notamment les matchs des All Blacks avec un Jonah Lomu tractopelle (contre le Japon et ce score fleuve proche de l’abstraction poétique de 143 à 17.) Je suivais aussi l’équipe de France qui accéda, avec le panache des amateurs, en demi-finale… avant de manger la boue à quelques centimètre de la victoire contre les Springboks. Je n’ai vu que du sport lorsqu’au bout d’une finale sans essai, pas franchement exaltante, les Springboks levèrent les bras au ciel, empêchant aux surpuissants All Blacks d’être sacrés, ce qu’avaient pourtant annoncé tous les pronostiqueurs de la planète.

Je n’avais pas forcément conscience de ce qui se tramait réellement derrière : les Springboks, une équipe de rugby blanche, à une exception près, qui faisait la fierté des Afrikaners nostalgiques de l’Apartheid, et un président noir, Nelson Mandela, qui contre toutes les attentes afficha un soutien sans faille à cette équipe. Haï par toute une grande partie de la population, l’équipe des Springboks, à mesure qu’approcha le sacre rêvé, devînt le Symbole parfait d’une unité nationale, une unité impossible, impensable au vu de l’oppression passée entre blancs et noirs.

Le film, alternant match de Rugby, coulisses et portrait, met en lumière l’intelligence politique et l’humanisme éclairé de Nelson Mandela, un des derniers Grands Hommes de l’histoire, qu’on idéalise sans peine aujourd’hui. Il est ici incarné à merveille par un Morgan Freeman qui trouve là un rôle à sa mesure depuis celui des Evadés de Darabont.

Reste que le sport est un prétexte pour Eastwood. Il filme le Rugby en ne faisant que des vignettes, sans réelle envie d’en partager la passion, ou au moins les règles, comme s’il filmait finalement que des scènes de guerre. Bref, un américain et le Rugby… Non, finalement, et c’est tant mieux, Clint Eastwood préfère s’interroger avec cette petite histoire rugbystique à la grande histoire d’une nation, sur un pardon impossible, l’attirance entre deux contraires. Ce qui est troublant, et le film le traduit bien, c’est que cette Afrique du Sud de Mandela tient de l’intenable, du vrai miracle.

Cependant, et c’est aussi ce qui fait le charme des films d’Eastwood, Clint n’évite pas l’overdose des bons sentiments (la fin est un déluge de « tout le monde s’aime, tout le monde, il est merveilleux ») ou même la caricature en exprimant une idée à la loupe grossissante (les gardes du corps blancs et noirs. Même si l’anecdote est réelle, le trait est épais, insistant, et évite au passage tout ce qui peut déranger comme le racisme latent). Le charme Eastwoodien jusque dans ses écueils : plein d’espoir, profondément humain avant tout.

J’aime les films avec et de Clint Eastwood (entre 2 Dirty Harry et un Sergio Leone : Pale Rider, Honky Tonk Man, Bronco Billy, Chasseur Blanc, Cœur Noir, Minuit dans le Jardin du Bien et du mal) et j’aime ce Invictus, plus profond et plus subtil que le portrait d’un homme providentiel ou la success story sportive auquel on aurait pu s’attendre.

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