La vie d’Adèle

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Après avoir lu et relu pour Mili « Le bleu est une couleur chaude », la bd de Julie Maroh qui relate l’histoire d’amour entre deux jeunes femmes, nous n’avons pas hésité une seconde pour voir l’adaptation ciné , dernier film palmé à cannes qui plus est, et chef d’oeuvre annoncé par la presse : La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche. 

Fred:

Mili m’a fait découvrir la veille de la séance la bande dessinée « le Bleu est une couleur chaude » de Julie Maroh. La Bd relate à travers la lecture d’un journal intime la passion entre deux jeunes femmes : Clémentine, une lycéenne qui se cherche en amour et une étudiante en beaux arts, Emma, aux cheveux bleu qui hantent le regard.

La bande dessinée évoque le trouble chez l’adolescente que provoque son attirance pour une personne du même sexe et le regard de son entourage sur l’homosexualité (amies et parents), un regard lourd de préjugés et empli d’une violence insoutenable. Néanmoins, il s’agit avant tout d’une déchirante histoire d’Amour, universelle et traitée avec une rare sensibilité, une infinie délicatesse que je m’attendais à retrouver, en toute honnêteté, dans le film.

Entre la bd et le film, Clémentine a changé de nom pour celui d’Adèle. On retrouve des passages clés de la bd, la première partie au lycée et la scène introduisant la fin que je m’interdirai de décrire, d’autres ont été éludés, le passage forcé à la vie adulte notamment et toute la conclusion aussi. Le film est une « libre » adaptation, soit… Néanmoins, avec cette liberté prise par le réalisateur, on perd quelque chose, un regard moins distancié, une certaine spontanéité. En modifiant la conclusion, le film ne revêt d’ailleurs pas le même message, ni la même force que la bd.

Si je ne peux m’empêcher de comparer les deux œuvres, c’est que la bd me paraît infiniment plus essentielle, moins empêtrée dans les longueurs, dans les bavardages naturalistes pour faire « plus » vrai, qu’affuble Kechiche à la plupart de ces scènes. La bd se lit d’une traite et émeut dans le même temps. Sur trois heures de temps, le film ricoche, fait mouche de manière intermittente, quand il se concentre uniquement sur Adèle et sur Emma, sur leurs visages. Nul doute là dessus, l’interprétation des deux actrices, Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux, est magnifique et la direction d’acteur (félicitons le metteur en scène pour ça) est remarquable.

Mais sous couvert de cinéma vérité, du tout filmage forcené, les longueurs, une soirée spaghetti bolognaise interminable, le reflux de scènes à l’école élémentaire entre autres, ont maltraité ma patience. La distance du regard m’a également irrité. Avec des scènes de sexe au caractère explicite largement dispensables, Kechiche oublie la délicatesse du livre et ne fait qu’illustrer froidement une passion. Une passion autrement plus vivante, plus tendre, plus vibrante dans la bande-dessinée de Julie Maroh.

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Mili :

Je suis une grande admiratrice de la BD, je l’avais achetée a sa sortie, au hasard, séduite par la couverture et j’ai souvent repensé à cette histoire depuis, totalement séduite par son esprit, son sentiment nostalgique. Lorsque j’ai entendu parler du film, a Cannes, je n’ai pas immédiatement fait le lien, j’ai tiqué lorsque j’ai vu l’affiche, une fille aux cheveux bleu il devait bien y avoir un lien. J’ai donc fait quelques recherches et cela m’a été confirmé, par contre je n’ai pas trop compris pourquoi passer de « Le bleu est une couleur chaude » à « La vie d’Adèle », surtout qu’en anglais le titre redevient celui d’origine. Et puis j’ai regretté que parmi toute l’encre qu’a fait couler le film, la BD originale ne soit quasi jamais citée. J’avais tout de même très envie de voir le film et au vu de la critique presse, j’en avais un bon à priori

Mon avis est très mitigé, j’ai beaucoup aimé certains passages, je me suis ennuyé pendant d’autres, j’ai trouvé ça long, j’ai été émue aux larmes, … bref je suis mitigée.

Je passe rapidement sur le changement de prénom de l’héroïne … mais pourquoi??? Oui je sais, il parait que c’était pour que l’actrice soit plus dans le personnage vu que c’est son prénom… mais pourquoi???

J’ai du mal à comprendre l’idée d’adaptation libre par rapport a la BD, à mes yeux soit c’est libre soit c’est fidèle, là c’est mi-figue mi-raisin, certaines scènes sont reprises à la réplique près de la BD, et très bien reprises, certaines scènes n’ont aucun rapport voire même changent l’esprit des personnages et leur relation. D’où ma frustration, pourquoi reprendre texto des passages si c’est pour modifier l’essence même de l’histoire, jusqu’à la fin qui n’a plus rien à voir avec l’histoire originelle.

Cela m’a d’autant plus dérangé que les scènes les plus faibles sont dans cette deuxième catégorie, elles sont longues et plutôt brouillonnes, le coté improvisation se sent et donne lieu a un rythme assez inégal (un long passage lors d’une soirée pour Emma m’as paru très très looonnggg). Surtout si on compare avec les scènes tirées de la BD, très justes dans le ton, bien réalisée, avec un joli jeu d’acteur et juste ce qu’il faut d’émotions.

Autre problème à mes yeux, les scènes de sexe, un peu ne me dérange pas, mais 15 minutes de scènes de sexe d’affilé, je me suis un peu ennuyé. Surtout que ces scènes là en particulier sonnent faux, on sent bien que le plaisir lesbien est montré par d’un point de vue de fantasme très masculin. Ce n’est qu’une série de scènes très crues sans émotion, à la limite du porno basique. Quelques petites scènes m’auraient suffit en fait mais là il y en a beaucoup et elles sont un peu longues, surtout que bon cela ne sert pas particulièrement, me montrer un couple baiser ne m’aide pas particulièrement à mesurer la puissance de leur sentiment. Bref…. il parait que comme c’est un film d’auteur on a le droit.

Certaines scènes présentes dans la BD manquent, surtout celles qui concernent l’acceptation de l’homosexualité par Adèle elle même mais aussi par ses parents, son entourage, c’est légèrement abordé, mais survolé totalement, quitte a faire un film sur ce thème en ce moment c’est dommage. Surtout que cela n’aurait rien enlevé au coté universel de cette histoire d’amour.

Là est le gros point positif de ce film, l’histoire d’amour, de passion, de fusion, belle, bien décrite, naturelle, émouvante. J’aurais pu adorer le film s’il ne m’avait paru si long.

Bref j’aurais surement plus aimé le film si cela n’avait pas été une adaptation de « le bleu est une couleur chaude », si il avait été moins long mais aussi si la critique presse n’avait pas été aussi bonne.

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